Kitty Crowther sait mieux que quiconque parler aux tout petits. Avec ses Petites Histoires de nuits, elle prend les enfants par la main, les chatouille dans le sens du poil et leur envoie des milliers d’étoiles dans les yeux… Trois histoires pour faire de beaux rêves.
« Maman, raconte-moi trois histoires, demande l’ourson.
« Trois histoires ! », s’exclame Maman Ours.
« S’il te plaît, s’il te plaît et s’il te plaît.
J’ai dit s’il te plaît trois fois. »
« Je commence par laquelle ? » interroge Maman Ours.
« Celle qui dit qu’il faut dormir », répond Ourson.
« D’accord ! »
Dans la forêt profonde, pas très loin d’ici, vivait une gardienne de nuit.
Chaque soir avant la tombée de la nuit, elle sonnait le gong.
Doooooonnnng Dooooooonnnnnnng »
C’est une toute petite cabane au fond des bois, baignée d’un crépuscule rosé qui irise toute la forêt. Une lumière de fin d’été rend cette demi-pénombre joyeuse, douce et enveloppante, rassurante comme une maman.
Il doit faire bon s’endormir dans cette cabane-là. D’ailleurs c’est l’heure d’aller au lit ! Mais pour Ourson pas question de s’endormir sans histoires. D’ailleurs, il lui en faut trois…
Kitty Crowther réinvente le livre « trois en un ». Trois contes sur le même thème et qui se rejoignent dans une même chute : aider Ourson à dormir. Parions que ces trois petites histoires toutes roses vont devenir un rituel pour s’endormir.
Dans la première histoire, une vieille gardienne en chemise de nuit arpente les sentiers de la forêt à l’aide de son gong et prévient les habitants des bois qu’il est l’heure de dormir. Comme la forêt est belle avec ses sentiers bordés de sapins géants et protecteurs aux troncs aux mille couleurs. Les plantes, les champignons, les fleurs multicolores semblent se mouvoir comme dans une danse aquatique dans un monde enchanté. Dans la douce lueur rosée du soir, se penchant délicatement pour être à leur hauteur, la gardienne susurre aux petits animaux de fermer les yeux. Même si les poissons de la rivière, les hermines et autres hérissons aimeraient encore jouer et rechignent à obéir. Chut !
Kitty Crowther dont j’avais adoré Mère Méduse, un hymne à l’amour maternel, sait mieux que quiconque parler aux tout petits. Dans Petites Histoires de nuit, elle prend le lecteur par la main pour lui murmurer à l’oreille des histoires tendres et drôles. Des histoires qui laissent des interstices pour se glisser à l’intérieur, s’imaginer les personnages, leur vie… Cette petite fille à l’épée est-elle brave, aventureuse ou bien cherche-t-elle juste un ami ? Et qui est ce gros bonhomme tout rond avec son drôle de chapeau ? Au lecteur de regarder à travers les mailles du filet de l’histoire et de composer sa version du rêve. Car ce que l’on retient d’un album de Kitty Crowther, c’est son pouvoir d’émerveillement. Un livre à regarder les yeux bien écarquillés, pour n’en manquer aucun détail…
Ses crayons de couleurs éclatent plus que jamais comme un joyeux feu d’artifice. Un ciel coloré tout pailleté qui scintille, une marchande de sommeil qui vient gentiment fermer nos paupières, une petite fille partie à la cueillette de mûres une épée à la main, une cabane d’aiguilles de pins dans un arbre, une chauve-souris qui fait semblant de faire peur, un chapeau à large bord qui change de tête, un regard d’amitié bienveillant entre un vieux bonhomme et une loutre poète, des mots-cailloux jetés au fond de la mer, voilà de quoi bercer nos petits vers de beaux rêves. Tous roses.
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Petites histoires de nuits
Kitty Crowther
80 p., Pastel, 11 €
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