Je n’ai malheureusement jamais rencontré Mario Ramos. Cet auteur illustrateur bruxellois de génie aimait à conter aux tout petits l’amitié, la guerre, le dépassement de soi ou l’amour avec pour tout ambassadeur des éléphants, des crocodiles, des singes, des loups ou des cochons. Je me console avec son album posthume, Le Petit Guili. Cette formidable fable sur le pouvoir raconte l’histoire d’un roi, qui une fois sa couronne vissée sur la tête, voit cette dernière gonfler dangereusement. Toute ressemblance avec des personnages réels…
Léon était petit, très petit, mais il avait fait de grandes promesses.
Le jour de son couronnement, on avait organisé une fête gigantesque…
Puis Léon changea. Il s’entoura d’une armée de gorilles qu’il payait en cacahuètes.
On connaît la chanson. Léon devenu roi, devient narcissique et cruel, avide d’une puissance sans limites. Il impose ses lois absurdes comme celle d’interdire aux oiseaux de voler ! Quelle métaphore que celle d’un roi qui coupe littéralement les ailes de son peuple. C’était sans compter la naissance de Guili. Un petit oiseau si mignon, si drôle que sa maman en oublia de lui briser les ailes à la naissance. Ce petit oiseau curieux et très sage révolutionnera-t-il la jungle ? Guili s’interroge :
– Si le lion est méchant pourquoi est-il le roi ?
– Parce qu’il a une couronne !
– Ridicule !
Guili veut trouver une solution radicale à ce tyran. Si la couronne crée le dictateur, enlevons-la lui. Mais à qui la confier ? Il semblerait qu’aussitôt que cette couronne tombe sur une tête, celle-ci se mette à ne plus tourner très rond, que ce soit la tête d’un gorille, d’un crocodile ou d’un cochon…
Le petit Guili, c’est tout Mario Ramos, avide de dénoncer les travers et les cruautés de ceux qui oppriment les plus faibles. Un agitateur qui chatouille les puissants par son trait voltigeur, coloré et ses mots malicieux. Mario Ramos va décidément nous manquer. A chaque rentrée littéraire, comme certains attendaient le dernier Amélie Nothomb, moi, j’attendais son dernier album. Ses histoires ont accompagné l’enfance de mon fils que je couchais avec Au lit, petit monstre ! Humour, tendresse, engagement étaient les trois mamelles de ce dessinateur bruxellois qui nous a quitté trop brutalement en décembre dernier. Le Petit Guili, publié fin février à titre posthume laisse une trace forte et représentative de son travail si généreux pour le public qu’il s’était choisi. J’adorais la série C’est moi, le plus beau, C’est moi le plus fort… où un loup vantard mais attachant essayait de nous la raconter, pointant avec malice nos petits travers. Mais mon préféré reste de loin Le Petit soldat qui cherchait la guerre. L’histoire d’un chat-soldat qui cherche son bataillon mais qui ne rencontre sur son chemin que malheurs et désolations, jusqu’au moment où, lassé de chercher la bagarre, il choisit la vie.
Et vous qu’aimiez-vous chez Mario Ramos ? Quel est votre album préféré ?
Mario Ramos
Pastel
32 pages, 12,20 €
Dès 4 ans
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