Les Sorcières ont choisi leur palmarès 2015 : un excellent cru comme toujours ! Pour la vingt-neuvième année, une centaine de bibliothécaires et librairies jeunesse affiliées ont voté pour défendre leur idée de la littérature de jeunesse. Des choix aimés et approuvés par Allonz’Enfants.
Album tout-petits
Le Petit Curieux, par Edouard Manceau
Milan, 24 p., 16,50 €
C’est un drôle d’objet. Un livre tout argenté, qui brille, avec un trou au milieu. Ouvrez-le. Voici une fenêtre à travers laquelle observer la pièce dans laquelle vous vous trouvez, les personnes, les objets, les couleurs, les plantes. Bref, une fenêtre ouverte sur le monde… Un projet original et ambitieux d’Edouard Manceau.
voir ma chronique complète sur Allonz’Enfants.
Catégorie Album (5-7 ans)
Le chien que Nino n’avait pas,
par Edward van de Vedel, ill. Anton Van Hertbrugen,
traduit du néerlandais par Martie Hooghe.
Didier jeunesse, 40 p., 16 €
Ma chronique dans le magazine Lire (Novembre 2014)
Avec ses couleurs automnales, ses paysages scandinaves et sa douce mélancolie, cet album aux non-dits éloquents nous embarque dans une rêverie où la nature et l’enfance sont rois. Nino est un petit garçon sensible dont le papa est parti loin, très loin. A peine lui parle-t-il parfois au téléphone. Alors Nino s’est construit un monde douillet fait de tentes d’indiens, de cavalcades en forêt et de veillées sous de grands ciels étoilés. Un refuge qu’il partage avec son unique ami, « le chien qu’il n’avait pas », invisible aux yeux des autres. Ce compagnon imaginaire court après les écureuils roux des sous-bois, plonge dans l’eau glacée du lac sur lequel le Nino canote et lèche ses larmes salées lorsque le garçon est triste. Mais tout cela cesse brutalement le jour où l’enfant reçoit en cadeau, un chien. Un vrai que tout le monde peut voir. Ce chien n’a pas du tout les mêmes goûts que l’autre, mais pourrait devenir quand même un ami. Sonne-t-il pour autant le glas de l’imagination débordante de Nino ? Au contraire. On ne peut rester insensible devant cet album poétique au texte laissant la part belle aux grandes illustrations chargées d’émotion. Peinture, crayons et mine de plomb évoquent avec une grande finesse le réel et l’imaginaire, la solitude et la douceur de l’amitié. Un hymne à la gloire les jeux incessants de l’enfance et de la force de l’imagination.
Premières lectures (7-9 ans)
Le meilleur livre pour apprendre à dessiner une vache,
par Hélène Rice et Ronan Badel
Thierry Magnier, 32 p., 10,90 €
Voilà un album qui donnera aux enfants le sens de l’humour , tendance Oulipo !
Ils y trouveront toutes les instructions pour apprendre à dessiner correctement une vache étape par étape : les quatre pattes, la queue, la tête allongée, les dents… Oups ! Pas de panique : cet album donne aussi toutes les instructions au cas où votre vache ressemblerait dangereusement à un crocodile ! Et si l’animal en question se jette soudain sur le dessinateur pour le dévorer, il sera toujours temps de sortir sa gomme…
Roman junior (10-12 ans)
Le ciel nous appartient par Katherine Rundell,
traduit de l’anglais par Emmanuelle Ghez
Les Grandes Personnes, 288 p., 16,50 €
Tout le monde pense de Sophie qu’elle est une orpheline. Nulle femme n’a en effet survécu au naufrage qui la laissa, à l’âge d’un an, flottant dans un étui à violoncelle au beau milieu de la Manche. La fillette demeure cependant intimement persuadée que sa mère n’a pas sombré avec le navire. Lorsque les services d’Aide à l’enfance menacent Charles Maxim, son tuteur, érudit généreux aussi courtois que maladroit, aux méthodes d’éducation fantasques, de lui reprendre la garde de Sophie, celle-ci, suivant l’enseignement de ce doux rêveur, décide de partir pour Paris sur les traces de sa mère… Une cavale menée sous le signe de l’espoir, qui conduira la fillette aux cheveux couleur des éclairs sur les toits de la ville-lumière. Elle y fera la connaissance de Matteo et de sa bande de danseurs du ciel. Froussards et phobiques des hauteurs s’abstenir : mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour pouvoir suivre ces gamins-là !
Voir la chronique des Histoires sans fin
Romans ados (12-15 ans)
Le passage du diable,
par Anne Fine, traduit de l’anglais par Dominique Kluger
l’école des loisirs , 308 p. 17,50 €
(ma chronique dans Lire, Mars 2014)
Autant être prévenu, une fois commencé, vous ne pourrez plus lâcher ce livre tant son histoire s’insinue en nous comme une poupée à sortilèges. Et pour cause ! De poupées, il en sera question, du Mal aussi et de suspense bien davantage. Daniel est un garçon élevé par sa mère qui vit seule en retrait du monde. Eternellement malade et alité, il reste privé de toute compagnie jusqu’au jour où le docteur Marlowe, alerté par des voisins, réussit à s’introduire chez les deux solitaires. Il découvre que le malade ne souffre de rien. Hormis de la folie d’une mère surprotectrice. Mrs Cunningham internée, Daniel commence une nouvelle vie chez les Marlowe et leurs trois filles. Avec la plus jeune, Sophie, il joue inlassablement avec le seul bien qu’il ait emporté de son ancienne vie : une fascinante maison de poupée. Celle-ci contient de nombreux petits personnages en bois qui alimentent leurs histoires. Une question hante cependant Daniel et le docteur Marlowe. Pourquoi sa mère l’a-t-elle cloîtré ? Une énigme sans réponse. Jusqu’au jour où un mystérieux oncle Jack, ancien capitaine au long cours et frère de sa mère, se signale et propose de prendre l’enfant chez lui. Daniel quitte sa nouvelle famille d’adoption avec regret. Lorsqu’il arrive dans le domaine d’enfance de sa mère, sa surprise est immense. Car la demeure s’avère la réplique exacte de sa maison de poupée. La romancière Anne Fine, grande dame de la littérature jeunesse anglo-saxonne, à qui l’on doit la série loufoque du Chat assassin et connue pour son roman adapté au cinéma, Madame Doubtfire, frappe ici un coup de maître diabolique. Dans cette intrigue quasi hitchcockienne, l’étau se resserre autour de ce pauvre Daniel, tel un ange démuni de tout : parents, identité, force physique et qui découvrira bien tard le terrible secret lié à l’histoire familiale. Un ange invité à la table du diable.
Documentaires
Nous, notre Histoire,
par Christophe Ylla-Sommers, ill. Yvan Pommaux
L’école des loisirs, 93 p. 19,80 €
Il s’agit de raconter notre Histoire. Pas celle des rois, des reines, chefs, émirs, grands mogols, impératrices, tsarines, présidentes ou dictateurs… mais la nôtre ! Celle des hommes, des femmes et des enfants qui ont peuplé la terre. Un roman-fleuve, commencé voilà 150 000 ans, sans fin, dont nous sommes les héros. En dépit des périodes sombres, des guerres, des conflits qui nous ont opposés et nous opposent encore, nous avons inventé, travaillé, créé des merveilles et transformé le monde. Souvent incités à nous détester les uns les autres, nous avons su aussi fraterniser. Un projet ambitieux, un bijou grand format à découvrir d’urgence !
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