Pour se bidonner avec les moins de 6 ans, convoquons quatre irrésistibles vauriens à la chasse à l’oiseau (imaginés par l’Irlandais Chris Haughton), Tchi l’incorrigible Panda aux éternuements dévastateurs (de l’américain Neil Gaiman) et enfin le petit Jules (du Français Michaël Escoffier) qui a perdu son ça et pour ça, il vient de remporter un prix… Tout un programme !
Chut ! On a un plan
Chris Haughton, trad. Anaïs Berud
éd. Thierry Magnier, 38 p. 14,80 €
Comme les Trois Mousquetaires, ils sont quatre. Emmitouflés dans de longs manteaux et coiffés de grands bonnets à pompons enfoncés jusqu’aux oreilles, ces quatre-là ne sont pas sans rappeler les tendres Brigands de Tomi Ungerer. Quatre mini-vauriens qui veulent jouer les gros durs. Enfin, non trois, car le petit dernier n’est pas de cette trempe-là. D’ailleurs avec leurs grands yeux tout étonnés, on a du mal à croire qu’ils feraient mal à une mouche. Mais c’est d’oisillon dont il est question.
Promenons-nous dans les bois… cette nuit-là dans la forêt, les canailles ont un plan : attraper ce joli petit oiseau multicolore qui a l’air tout paisible et ne se doute de rien. Pour sûr, ils ont un plan ! Le tout petit dernier, lui, aimerait plutôt jouer avec l’oiseau que l’attraper, mais CHUT ! A pas de loup, les trois aînés s’approchent de la proie, un filet entre les mains. Au moment de faire mouche, pas fou, l’oiseau s’envole ! Et voici nos trois bleusailles marron.
Ils recommenceront l’opération à coups d’échelle, de chutes du haut d’un arbre ou dans la rivière… tandis que le tout petit, lui, apprivoisera l’animal avec quelques mots et quelques miettes…
La construction du dernier album de Chris Haughton est remarquable, tant dans sa composante narrative que dans le graphisme dépouillé jusqu’au choix des couleurs qui font ressortir la lumineuse liberté de l’oiseau, tandis que les sombres garnements s’enfoncent dans une ténébreuse erreur de jugement. Bâti sur les fondements du burlesque : bêtise et chute des protagonistes, gags à répétition, force de la démonstration visuelle, cet album magistral nous fait rire autant qu’il démontre l’absurdité d’agir avec force et entêtement plutôt qu’avec douceur et bon sens. Imparable.
Neil Gaiman, ill. Adam Rex
Albin Michel jeunesse, 32 p. 10,90 €
Il est trop craquant ce petit panda avec ses grands yeux cernés de bleu, son bidon rebondi sous son pull vert, ses lunettes d’aviateur vissées sur la tête et son air de ne pas y toucher… Oui Tchi est un amour de panda, mais son éternuement, une arme de destruction massive.
Quand Tchi éternue, c’est la catastrophe…
Et chaque jour ses parents de redouter : Tchi va-t-il éternuer aujourd’hui ? A la bibliothèque, au restaurant, dans la rue… Tchi a bien envie oui peut-être… mais non.
Alors papa et maman Panda emmènent leur cher petit ange au cirque. Mais les cirques, c’est bien connu, c’est plein de courants d’air ! Le bébé Panda offrira un genre de spectacle auquel personne ne s’attendait. Décoiffant. Ben quoi ? Tu as raison, c’était un bien bel éternuement Tchi ! Un régal même.
Michaël Escoffier ill. Matthieu Maudet
loulou &Cie, 32 pages, 14,90 €
Nous sommes tous confrontés à ce délicat passage de la couche au pot. Michaël Escoffier et Matthieu Maudet en ont fait une vraie prouesse avec ce tout carton à double lecture. La situation est détournée en une tension dramatique – une crotte trouvée par terre – et un quiproquo sur la prononciation d’un mot qui tourne au dialogue de sourd puis à l’éclat de rire…
Jules ! Qu’est-ce que c’est que ça ?
Ça ? C’est le ça !
Indignée par l’objet du délit qu’elle vient de trouver par terre, maman appelle son petit qui se balade les fesses à l’air. S’en suit un quiproquo entre la nature du « Ça » sans en appeler à Docteur Freud. Un non sense inextinguible où chacun cherche son ça, donc. Comme souvent avec le « ça », les deux protagonistes ne parlent pas de la même chose ! Jules est dépité lorsque la maman lui annonce que le ça a disparu là où il était destiné… la cuvette, jusqu’à la révélation finale : le Ça était un chat (oups je l’ai dit).
Cette petite merveille d’efficacité – le livre est représenté à hauteur d’enfants, on ne voit de la maman de Jules que les pieds et les jambes – vient de recevoir le Drôle de Prix, décerné par les enfants hospitalisés, les parents et le personnel de l’hôpital Raymond-Poincaré, à Garches. Une belle initiative menée par le service culturel de l’hôpital sous la houlette de Myriam Revial et présidé par Valérie Cussaguet, cofondatrice des éditions Les Fourmis rouges. Cette troisième édition récompense comme chaque année un livre d’humour pour les tout-petits. Celui-ci plaira autant à leurs parents ! Ça tombe à pic.
Decoloopio dit
Ça a l’air très amusant et interactif pour les enfants !
De plus, j’aime beaucoup la façon dont l’article présente ces petits ouvrages.
Un petit coup de cœur pour Tchi le panda qui est vraiment trop mignon !
De quoi ravir petits et grands !
Papillon de nuit dit
Je suis d’accord avec le commentaire précédent même si ma préférence va plutôt à Chut ! On a un plan