Alex Cousseau nous emmène dans une double promenade pour assister au réveil du printemps. Par la forêt /Par le lac, est une histoire qui se lit recto/verso et un formidable hymne à la nature sélectionnée pour les Pépites du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil qui se tiendra du 27 novembre au 2 décembre.
« J’ai le choix. Passer par la forêt ou par le lac. Les deux se valent. Les deux sont bien. Dans la forêt, j’ai mes repères. Je connais par cœur le labyrinthe des sentiers. J’aime la compagnie des arbres. Mais c’est vrai aussi que les dangers peuvent être nombreux. Sur le lac, la glace est épaisse. Je peux marcher en ligne droite, et arriver de l’autre côté en une heure à peine. Le plus vite sera le mieux. »
Une histoire, deux possibilités. Dans la collection Boomerang, un même sujet est raconté avec deux angles de vue qui enrichissent notre imaginaire. Un peu comme si une caméra filmait deux chemins qui se rejoignaient avec des étapes et des expériences différentes. Un exercice de style dans lequel Alex Cousseau excelle, on se souvient entre autres de Mon frère est un cheval/Mon cheval s’appelle Orage.
C’est l’aube. Un jeune indien veut se rendre jusqu’à la Colline aux lézards. Parce que ce petit matin est un matin spécial. Tôt dans la nuit, les hommes sont partis. A leur tête, le père du jeune garçon. Comme chaque année à cette époque, ils marchent jusqu’au début du point du jour pour tirer le soleil endormi de l’horizon et réveiller le printemps : « Le ciel est un sac gris (…) noué par une ficelle. Et cette ficelle, c’est l’horizon. Alors, avec les autres, mon père dénoue la ficelle et délivre toute la lumière qui est dans le sac du ciel. Et le soleil revient. Jusqu’ici. Chaque année c’est pareil. »
A pas calfeutrés, le garçonnet est encore trop jeune pour suivre les pères, alors il veut admirer le spectacle du sommet de la colline. Pour rien au monde il ne raterait ce nouveau lever du jour, promesse d’une saison nouvelle. Mais par où passer ? Dilemme. Par le lac gelé ? Exposé au vent, au froid, et aux coyotes qui y traînent la nuit ? Ou bien par la forêt dont il connaît les moindres recoins. Bruyante, animée, la forêt et le peuple des arbres qui l’habite ne l’effraient pas. Et puis, il a son arc et sa flèche. Mais que ce soit sur la glace vierge du lac ou dans la forêt fourmillante, on n’est jamais à l’abri de toutes sortes de surprises. De bonnes ou de mauvaises rencontres…
En quelques minutes, notre jeune indien va faire l’expérience de la peur, de l’entraide et de l’émerveillement. Et nous avec, car c’est à un voyage à l’écoute des sensations de la nature auquel nous invite Alex Cousseau. Une expérience sensible et gracieuse comme les animaux que rencontre l’apprenti-chasseur et parfois cruelle comme peut l’être la dure loi de la nature. En lisant ces lignes, le jeune lecteur est plongé dans la peau du jeune indien. Avec lui, nous avançons à bas bruit, la neige qui assourdit tout crisse doucement sous nos pas, le glacis du vent frôle notre peau, et nous sommes à l’affût du moindre son, du bruissement des buissons, de l’envol éclatant d’un oiseau. Les arbres nous murmurent les secrets de la forêt, les branches des jeunes sapins se balancent et nous frôlent, et le froid, vif et sec nous emplit de frissons.
L’écriture précise et poétique du romancier met les sens du lecteur à vif et nous fait vibrer en harmonie avec le jeune indien. Avec ce roman à double facette, Alex Cousseau nous fait vivre une épopée minuscule, celle de l’écoute et de la communion avec la nature et nous fait sentir plus vivant.
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Par la forêt / Par le lac
Alex Cousseau
48 p., Rouergue, coll. Boomerang 6,50 €
(dès 8 ans)
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