Une hirondelle fait le printemps et les humains-oiseaux se perchent sur les rayons des librairies, comme le joli Monsieur Moisange de Fred Bernard, illustré avec beaucoup de fraîcheur par Gwendal le Bec. Une migration ne se faisant jamais seule, on suivra dans son sillage le petit Barnabé ou la vie en l’air de John Boyne et le Prodigieux destin de Peter de Maëlle Fierpied. Allez, on décolle !
« Monsieur Moisange ?
Un drôle d’oiseau cet homme-là !»
De l’avis de tous, Pierre Moisange était un drôle de coco. Un brin solitaire, un poil mystérieux, un chouia grognon aussi, vous volant facilement dans les plumes. L’homme vivait seul dans son perchoir et ne rendait visite que de temps à autre à sa vieille mère, une oiselière des quais parisiens.
Boulot, métro, dodo, air pollué… Pierre se sentait en cage. Il ressentait l’appel des grands espaces : « Ah ! si seulement je pouvais voler », songeait-il. Parfois, la simple envie de mieux respirer vous fait pousser les ailes. Plus encore, l’appel. Celui que Pierre entend dans ses rêves : une jolie femme indienne chante au loin et, avec elle, Pierre flotte dans les airs.
Le bonheur doit ressembler à ça.
Un beau matin, miracle ! Des ailes lui ont poussé… alors Monsieur Moisange enfile son costume vert canard et sait combien sa mère va être fière de lui. Le voilà qui virevolte, fend l’air et devient le coursier le plus rapide de Paris.
Mais la célébrité, fût-elle volatile, ne nourrit pas son homme !
Non, Monsieur Moisange voit plus grand, plus haut, plus loin.
Les grands espaces, il veut les contempler pour de vrai, survoler le Groenland, le grand Canyon, le Mexique, l’Amérique du Sud, l’Inde peut-être ? Car au creux de ses nuits la jeune fille aux cheveux noirs corbeaux et aux yeux vert colibri murmure sempiternellement à son oreille son nom : « Kamala, Kamala… » ouvrant l’espoir à la fois de l’amour et d’un continent.
C’est une aventure autant qu’une jolie réflexion, illustrée avec talent par Gwendal le Bec, que nous propose le créateur de la célèbre exploratrice Jeanne Picquigny sur la différence, la célébrité et ce qu’on en fait, mais surtout sur l’écoute de notre petite voix intérieure qui nous pousse envers et contre tout à poursuivre nos rêves.
Ces rêves nous donnent des ailes. A nous de les accomplir.
Monsieur Moisange
Fred Bernard, ill. Gwendal le Bec
Albin Michel jeunesse, 64 p., 11,90 €
(dès 8 ans)
Le blog de Gwendal le Bec
Barnabé ou la vie en l’air
Dans la famille Chevreau, il y a la mère Eléonore, le père Alistair et leurs enfants Henri et Mélanie. Mais il y a aussi le petit dernier, Barnabé. Et Barnabé n’est pas un enfant comme les autres.
Une malédiction pour les Chevreau qui n’aspirent qu’à être une famille « normale ». Une famille sans vague, sans particularité, sans aspérité, sans controverse. Normale, quoi. Oui mais Barnabé est né avec des ailes et il a une prodigieuse tendance à se retrouver collé au plafond. Ce qui amuse plutôt son grand frère, sa sœur et Charles Dickens le chien, mais désespère ses parents qui lui imposent un cartable empli de sable dans le dos pour éviter les ragots. Malheureusement Barnabé a l’horrible tendance à attirer les caméras sur lui. Une célébrité impossible à assumer pour les Chevreau ! Jusqu’au jour où à bout, sa mère commet un geste irréparable : elle crève le cartable lesté de sable et laisse Barnabé s’envoler de ses propres ailes, souhaitant à son fils de trouver une famille à sa mesure… Un étrange voyage pour le garçon commence par du stop en Montgolfière ! Un voyage qui l’amènera à vivre de belles rencontres et d’incroyables aventures. Réussira-t-il à rentrer chez lui et à se faire accepter ?
Ce roman à la fois farfelu et subtil pointe nos différences avec humour et tendresse. Une jolie fable par l’auteur du célèbre Garçon au pyjama rayé.
John Boyne, traduit de l’anglais (Irlande) par Catherine Gibert
Illustré par Oliver Jeffers
Gallimard jeunesse, 296 p., 13,50 €
(dès 10 ans)
Le prodigieux destin de Peter
Maëlle Fierpied, elle, nous raconte une histoire d’autrefois, au temps du cirque Barnum. L’ incroyable destin de Peter Petons, un vilain petit canard de neuf ans qui a pourtant tout d’un ange avec ses taches de rousseur, ses cheveux dorés et son « sourire à faire fondre le cœur le plus glacial ». La famille Peton emménage dans l’usine de chaussons de Monsieur Pantoufle dont ils deviennent les concierges. Et c’est là que se produira l’étrange métamorphose du garçon, pour cause de débordement de chaudière et de pâte Polyductimère.
Peter perdra tous ses poils et une étrange mutation commence. Mutation physique autant que métaphysique, le garçon ne cessant de rêver sur les toits, guettant l’appel du ciel. Car Peter se sent pousser des ailes dans tous les sens du terme ! Des ailes qui l’emmèneront loin de chez lui, au Cirque des Merveilles où il vivra de fabuleuses aventures et trouvera une vraie famille. Un roman qui fleure bon la magie de l’enfance et met des paillettes dans les yeux. (voir ma chronique dans Lire de novembre 2014)
Maëlle Fierpied
334 p. l’école des loisirs, 14,50 €
(dès 10 ans)
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