La sortie en salles du Monde fantastique d’Oz est le prétexte idéal pour faire lire (et relire) Le cycle d’Oz aux enfants.
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Si je vous dis « Magicien d’Oz », vous pensez de suite au film de Victor Fleming, immortalisé en 1939 par Judy Garland et la chanson caramélisée Over the Rainbow. Souvent les grandes œuvres sont écrasées par des films qui collent à l’inconscient collectif. C’est le cas pour Oz, dont la magie tient surtout à un auteur de génie : Lyman Frank Baum qui écrivit un cycle de quatorze histoires, toutes best-sellers, entre 1900 et 1918. Du Narnia avant l’heure. Le magicien d’Oz fut même adapté en comédie musicale à Broadway où il fit un carton pendant huit ans ! Ceci hisse L. Frank Baum en figure de proue de la littérature jeunesse fantastique et Oz en véritable mythe. Eh oui.
Sur une initiative de Claro, le Cherche Midi s’attache à nous faire découvrir ce chef d’œuvre du patrimoine littéraire américain, en publiant pour la première fois l’intégralité du Cycle, au rythme de deux histoires réunies en un même volume tous les six mois, dans une nouvelle traduction signée Anne-Sylvie Homassel et Blandine Longre, et illustrée par Stéphane Levallois. Un régal ! La deuxième histoire, Le Merveilleux Pays d’Oz – qui n’a rien de commun avec le film de Sam Raimi – est quasi inconnu des Français (pourtant l’école des loisirs en a publié une version abrégée en 2012). J’avoue que je me suis autant régalé qu’à la lecture du premier tome !
Ce deuxième épisode se situe après le départ de Dorothy pour le Kansas. On y retrouve bien sûr le bûcheron de fer blanc, l’épouvantail et la bonne fée Glinda. Baum y prouve son talent de créateur avec un cheval de bois qui galope, un personnage à tête de citrouille, un insecte grossi dix mille fois très cultivé ou encore une créature volante, canapé à tête de cerf, faite de bric et de broc. On y perçoit surtout l’humour et la modernité incroyable de Baum. Car dans cet épisode (paru en 1904), une armée de filles prend le pouvoir de la cité d’Emeraude, une générale à leur tête (extrait) :
« Depuis que vous êtes parti, les femmes ont pris le pouvoir et l’exercent à leur guise (…) les tâches ménagères et l’éducation des enfants sont en train de sonner le glas de la gent masculine dans notre bonne cité.
– Hum, fit l’épouvantail pensif, ces corvées sont-elles si pénibles ? Comment se fait-il que les femmes s’en soient si bien tirées ?
– Je n’en ai pas la moindre idée, répondit le barbu avec un lourd soupir, elles sont certainement faites d’acier trempé. »
Soixante-quatorze ans après le film de Victor Fleming, Le Monde fantastique d’Oz de Sam Raimi se veut le prequel, pour employer un mot qui n’existe pas mais qu’on utilise quand même (entendez l’épisode inventé qui se situe avant) du Magicien d’Oz. Même si on déplore quelques scènes convenues (pitié Disney !) – on se serait bien passé par exemple de l’incontournable duel à coups de baguettes magiques entre la gentille fée Glinda et Evanora la méchante – le film emprunte fidèlement tous les éléments du livre originel de Baum : les singes ailés, le champ de coquelicots soporifiques, les Munchkins, le clin d’œil à l’épouvantail, au lion et au village de porcelaine avec une jolie trouvaille dans le personnage de la China girl, la méchante sorcière et surtout l’aspect fantasmatique d’Oz, le pays des secondes chances. Le début du film en noir et blanc, avec le voyage d’Oscar en Montgolfière et la tornade est d’une beauté inouïe et fidèle à l’esprit de cette œuvre majeure : un hommage au monde forain et à l’illusion. Non Oz n’est décidément pas une bluette pour enfants, mais le pays de tous les possibles.
Le cycle d’Oz (vol. 1)
Le magicien d’Oz, Le Merveilleux Pays d’Oz
L. Frank Baum, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Blandine Longre et Anne-Sylvie Homassel.
Illustré par Stéphane Levallois.
Postface Fabrice Colin.
416 p. Le Cherche Midi, 18 €
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