Brillant et addictif, Dans la maison est un thriller, drôle, intelligent… vraiment flippant. Philip Le Roy réussit avec brio un roman pour ados qui flirte avec l’horreur. Et ça déménage !
« Comment huit adolescents peuvent-ils disparaître au cours d’une même soirée ? La question tournait en boucle dans la tête des gendarmes qui inspectaient la maison vide. Le commandant Sevrant contemplait la belle bâtisse, une ancienne bergerie isolée du col de Vence récemment transformée en maison d’architecte. Il restait les abords à aménager, un muret de pierres à élever et la piscine à construire. Une excavation de douze mètres par six avait déjà été creusée pour y couler le bassin. Les hommes de Sevrant avaient retourné les bâches, fouillé au milieu des outils de chantier et des matériaux, sondé des ruissellements de boue provoqués par les fortes pluies de la nuit. Bredouilles, ils se déployaient désormais vers la forêt. Les huit lycéens s’étaient donné rendez-vous la veille pour la première fois dans cette villa cossue qui appartenait à la famille de l’un d’entre eux. »
Avis aux amateurs de frissons ! Si vous aimez le suspense, vous ne serez pas déçus par ce vrai page-turner concocté par Philip Le Roy. Le pitch ? Une bande d’ados se retrouvent le temps d’un week-end dans une maison isolée. La bande « des Huit » comme on les surnomme au lycée – quatre filles, quatre garçons aux personnalités bien trempées – appartiennent à la même classe de Terminale, section Arts Appliqués. L’un d’entre eux, Quentin, invite la bande dans une ancienne bergerie rénovée par ses parents architectes qui vont bientôt y emménager. Les parents seront en Italie et leur laissent bien volontiers la maison, isolée dans la montagne sur les hauteurs de Vence. Thème de la soirée : une « nuit de l’horreur » dont ils seront chacun les acteurs. Chaque ado doit en effet préparer une surprise la plus effrayante possible avec pour mot d’ordre : « si t’as peur, tu bois ». Vous voyez le topo ? La concurrence est rude car le but n’est pas seulement d’effrayer les autres, mais d’être crédible dans sa mise en scène. Perfectionniste, chaque participant va pousser au maximum sa créativité. Et ça marche !
Tous les ingrédients sont là pour nous surprendre : une bonne dose d’humour et de complicité entre les jeunes pour nous mettre en confiance, une pincée d’histoires régionales vraiment flippantes – cela se passe sur le Plateau du Diable – pour nous mettre dans l’ambiance, une maison avec une foultitude de recoins et d’ombres pour nous faire sursauter, une porte de cave qui s’ouvre toute seule pour nous faire douter, des portables et des appareils photos brouillés, une nuit noire sans personne à des kilomètres à la ronde et une maison encore inhabitée avec des âmes mortes qui y traînent leur linceul, des pierres noires et des tas de bruits bizarres et soudain des ados qui manquent à l’appel. Oh oh. Et s’il y avait vraiment des « visiteurs » ?
Voilà un cocktail détonnant à consommer d’un trait pour Halloween avec des retournements de situation très réussis et un bouquet final explosif. On pense aussi bien à Agatha Christie qu’à Stephen King ou encore à Stanley Kubrick version Shining. Le lecteur se pique au jeu de ce poker menteur, d’abord on prend tout à la rigolade, puis on se demande qui dit vrai, qui ment… Au final, on dévore les chapitres les uns après les autres à toute vitesse pour éteindre les palpitations qui montent qui montent.
Dans la maison, est vraiment un must du genre qui vous fera tendre la nuque et ravaler votre salive, truffé d’humour et de références, avec surtout une fin inattendue. Du grand art !
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Dans la maison Philip le Roy
336 p., Rageot Jeunesse, 15,90 €
(dès 13 ans)
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