Avant-goût du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil qui ouvrira ses portes mercredi 27 novembre, les Pépites ont été décernées lundi soir, avec pour ambassadeurs la pétulante illustratrice Catherine Meurisse et l’auteur Jean-Claude Mourlevat.
Pépite de l’album OVNI : Romance
de BlexBolex (Albin Michel jeunesse)
On ne présente plus BlexBolex. Ses personnages tout rose au nez et aux oreilles rondes avec de drôles de chapeaux sur la tête et des couleurs bien tranchées, vous remettez ? Depuis 2006, le Français installé à Leipzig travaille à une œuvre originale autour de l’imagier. Son Imagier des gens a même été élu Meilleur Album du monde ! Damned c’est du lourd.
Pourtant sur Romance, souffle le vent léger et frais de la création. Car BlexBolex pousse le défi de son projet artistique encore plus loin. Romance, c’est d’abord un objet. Un exploit en fait. Un joli pavé de 280 pages, où l’imagier devient histoire.
Les images successives, la répétition des personnages, des lieux, des actions, sont le fil directeur grâce auquel le lecteur construit lui-même le récit. Chaque image est un tableau, sublime comme une icône, et chaque tableau – la rue, la maison, l’accident, l’incendie, l’inconnu, la sorcière, les brigands… – devient un personnage de l’histoire. Une structure comme une matière mouvante qui s’accélère, un peu comme si se déroulait sous nos yeux les séquences d’un de ces films anciens dont on tourne la manivelle. Récompense donc bien méritée. Olni* qui mal y pense, cette œuvre exigeante, protéiforme et fascinante est pour tous et peut se savourer à tout âge !
*Objet littéraire non identifié
Pépite du roman adolescent européen : La double vie de Cassiel Roadnight
de Jenny Valentine, traduit de l’anglais par Diane Ménard (l’école des loisirs)
« J’avais désiré une vraie famille depuis si longtemps,
une maison pleine d’affection,
un endroit au monde où je serais chez moi, comme les autres.
Puis j’en avais trouvé un. Mais il n’était pas à moi. »
Ce roman très fort raconte l’impossible mensonge de Chap, orphelin de seize ans vivant dans un foyer depuis la mort de son grand-père. Dans ce foyer temporaire d’un quartier de Londres, il est reconnu comme étant Cassiel Roadnight, un adolescent disparu il y a deux ans. Sans savoir pourquoi, il avoue être Cassiel. Pour ne pas contrarier, pour sortir de là, peut-être pour être moins seul, exister, il ne sait pas pourquoi ce mensonge. Le jeune homme se retrouve du jour au lendemain avec une mère, une sœur, un grand frère, une maison qu’il ne connaît pas à guetter ce qu’on attend de lui, essayant de ne pas déraper, mutique. Mais peu à peu il découvre que l’identité qu’il a endossé par hasard se trouve lourde à porter : Cassiel Roadnight cachait un terrible secret.
Le tour de force dans la narration consiste à plonger le lecteur dans la peau de Cassiel. On est alors comme lui, traquant la vérité, tremblant et guettant chaque faux pas. Un roman au suspense étourdissant qu’on lit d’une traite.
Pépite de l’album : L’Odyssée d’Outis
de Jean Lecointre (Thierry Magnier)
Le gagnant est « un album écrit les doigts dans la prise », a prévenu Jean-Claude Mourlevat en dévoilant le vainqueur de la pépite de l’Album. Alors, là, on est resté coi. Dans les ingrédients de fabrication, il y aurait autre chose que de l’électricité que ça ne nous étonnerait pas mais bon, pourquoi pas. Car si Romance est un OVNI, alors L’Odyssée d’Outis est un objet intergalactique.
Outis, un homme qui se planque sous son casque à moto, a peur d’être en retard pour aller chercher sa femme et son fils de retour de vacances en Grèce. Enfourchant son destrier à particules fines, Outis va braver les embouteillages et tel Hercule, tous les dangers que les Dieux taquins dressent sur son passage : l’Hydre à cinq têtes, un centaure, après une petite virée en paddle sur le Styx, Hadès et son fidèle Cerbère, puis un Minotaure de supermarché, ou encore une nymphe langoureuse et autres pièges de la vie quotidienne de tout demi-dieu…
La famille d’Outis se lassera-t-elle ? Les pauvres en plein cagnard, on les comprend. Heureusement, Pégase arrive à la rescousse pour amener notre aventurier à bon port. Bon et alors me direz-vous ? Ma fille à qui j’ai fait lire l’album m’a dit « On ne comprend rien et en vrai Pégase est blanche, pas grise avec une liste ». Hmm Hm Les enfants semblent dubitatifs donc. Vous avez compris, je doute d’Outis. J’espérais que L’ombre de chacun de Mélanie Rutten (Memo) soit récompensé. Plus classique certes, mais de ces albums qui restent et s’impriment en nous. On saluera toutefois, la prouesse graphique du photomontage et les citations mythologiques décalées. A lire ? Après tout Outis reading, comme dirait l’autre.
Pépite du documentaire : Israël – Palestine
de Gérard Dhôtel (Actes Sud Junior)
« J’ai écrit ce livre pour tous les collégiens et tous les lycéens qui se sentent concernés par le conflit israélo-palestinien et qui, souvent, ont des idées reçues sur les enjeux et les protagonistes. Et pour celles et ceux qui, sous le prétexte de ne rien y comprendre, choisissent de l’ignorer. »
Gérard Dhôtel, ancien rédacteur en chef du Monde des ados livre un document essentiel pour comprendre la naissance du conflit israélo-palestinien. Une approche claire et nécessaire.
Et aussi…
Pépite de la meilleure adaptation cinématographique : Aya de Yopougon
d’après la bande dessinée de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie (Gallimard jeunesse)
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=VRoqycmDlt0[/youtube]
Pépite du livre d’art : L’art de l’ailleurs
d’Hélène Gaudy (Palette)
Le voyage traverse les œuvres d’art. De la cartographie médiévale aux questionnements contemporains sur l’immigration ou le tourisme de masse, en passant par l’Orient rêvé des peintres, ce livre interroge le rapport des artistes au voyage, éternel espace de projection et de fantasme.
Pépite de la création numérique : Anne Frank au pays du manga,
Alain Lewkowicz, Vincent Bourgeau, Samuel Pott, Marc Sainsauve (Arte)
Voir un extrait
Pépite de la BD/Manga : Lastman
Balak, ill. Mickaël Santaville, Bastien Vivès, KSTR
Adrian Velba, 12 ans, est heureux. Après avoir travaillé dur toute l’année dans l’école de combat de Maître Jansen, il va enfin pouvoir participer, au grand tournoi annuel parrainé par le roi Virgil et la reine Efira.
Voir l’article d’Eric Libiot sur le tome 2.
Laisser un commentaire