Dans son dernier album Mère méduse, Kitty Crowther célèbre l’amour inconditionnel des mères envers leurs petits. Un bijou d’une grande tendresse à ne pas manquer.
« C’est une nuit où le vent souffle terriblement fort.
La lune brille de cet éclat si particulier.
Deux femmes marchent d’un pas vif.
La plus petite grommelle.
Tu es sûre que c’est pour cette nuit ?
Certaine répond la femme la plus épaisse. »
Cet album commence comme un mystère.
Le mystère féminin qui remonte à la nuit des temps, celui de l’enfantement. Car l’événement de cette nuit, c’est la naissance d’un bébé, celui de Méduse, cette grande chose informe aux longs cheveux paille qui débordent de partout et envahit toutes choses. Des cheveux si puissants qu’ils sont comme des membres capables de soulever les êtres ! Méduse vit en ermite, bien cachée derrière cette armure. Mais lorsque bébé naît, subrepticement elle laisse entrevoir un sourire. Un sourire ravi, comblé d’avoir enfanté.
Et voilà la petite Irisée découvrant son univers, chevauchant Mère Méduse et son indomptable chevelure. Cette toison d’or forme le rempart qui protège la petite Irisée de toutes choses, du vent, des autres, du monde. Ils sont l’écrin conçus pour elle, gardiens un peu fous, dévoués à la cause de la petite. Exclusifs.
« Tu es ma perle, et je serai ton coquillage », dit Mère Méduse dans un souffle.
Méduse est fière, aimante, débordante d’amour, de don de soi… un poil étouffante aussi ! Car de l’écrin à la prison, il n’y a qu’un cheveu.
Irisée grandit et découvre ses semblables, d’autres enfants qui peuvent courir sur les rochers, aller à l’école… Et si la complicité mère-fille est grande, le monde est vaste. Il l’appelle.
On est soufflé par la puissance de cet album qui conte l’amour maternel dans ce qu’il a de plus inconditionnel. La palette de Kitty Crowther a rarement épousé des tons aussi doux. Coquillages, crabes, anémones des mers, conques, éponges, fleurs et même les oiseaux semblent posés là comme un décor joyeux et vivant créé par la mère toute puissante pour embellir le monde qui accueille sa petite. Elle, émerveillée par la nature qui l’entoure.
C’est un regard généreux, plein de tendresse posé sur l’amour maternel : l’instinct de protection, la peur pour l’autre, enfin le lâcher-prise et la confiance donnée à l’enfant de faire ses expériences autant que l’encouragement de l’enfant qui ose dire à sa mère : laisse-moi prendre mon envol.
Cet album m’a profondément émue car il montre combien l’amour maternel est compréhension. Preuve en est sa chute ! (mais chut).
Mère Méduse, par Kitty Crowther
Pastel, 32 p., 12,50 €
Sur un thème assez similaire, découvrez aussi le très beau Louve de Fanny Ducassé, aux éditions Thierry Magnier. L’histoire d’une mère solitaire à la longue chevelure rousse, une mère très aimante avec ses trois renardeaux. Un album au graphisme époustouflant.
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