La grande Susie Morgenstern commet un petit texte amusant sur les vocations. On peut être l’héritière d’un trône et préférer faire le ménage. Et pourquoi pas ? Après tout, rien n’est plus important qu’une passion. Avec La princesse de la serpillière, coup de balai dans les idées reçues !
Dès qu’elle ouvre les yeux, Pivoine se lève d’un bond. Un jour nouveau commence pour elle, qui verra son lot d’époussetage et de rangements. Pivoine démarre toujours de la même façon. Méthodique, implacable…
On se souvient de son petit livre délicieux écrit il y a plus de vingt-cinq ans et devenu un classique : Même les princesses doivent aller à l’école[1] dans lequel la princesse Alyestère déménageait dans un quartier populaire et devait fréquenter l’école, avec quelques soucis d’adaptation. C’est une sorte de contrepoint qu’offre ici Susie Morgenstern à ses jeunes lecteurs. Car la chevalière de la littérature jeunesse aux lunettes roses en forme de cœur prend la plume (et le plumeau) pour un plaidoyer en faveur de la passion la plus vile et la plus basse : le ménage. Tremble poussière !
Pivoine est fille de roi. Elle fréquente l’école comme tout le monde et est d’ailleurs une excellente élève. Pour elle, ses parents rêvent déjà en grand : hautes études, grandes écoles, et pourquoi pas l’ENA ?
Mais Pivoine, elle, s’ennuie ferme à l’école. Ça manque d’action. Son rêve à elle, c’est d’entrer à l’ENSTAM (l’Ecole nationale supérieure des techniques des arts ménagers).
Car à peine levée, la voilà qui secoue les édredons, frotte, astique du sol au plafond, range et farfouille pour mettre tout au carré sur son passage. Nettoyage et époussetage à tous les étages !
Ses parents lui rabâchent : « Oh non, pas ça ! Ce n’est pas à toi de le faire. Nous avons du personnel pour ça ! » Mais c’est plus fort qu’elle. Ça la démange de partout. Le rangement l’émoustille autant que résoudre une enquête de Sherlock Holmes, récurer les casseroles, briquer, lustrer, la met en joie comme une partie de badminton et s’attaquer à une montagne de linge s’avère aussi excitant que résoudre une équation à plusieurs inconnues…
Pourquoi Pivoine est-elle si passionnée par le ménage ? Mystère. Ses royaux parents sont décontenancés. Pourtant, quand son père égare son téléphone portable dans le fatras de son bureau, il est bien content d’appeler à la rescousse Pivoine « retrouve-tout ». Mais les idées toutes faites ont la peau dure. La jeune fille devra trouver un chemin bien à elle pour accomplir son destin.
Avec son style pétillant et drôle, l’auteur prend un contre-pied salutaire et on serait presque tenté à la lecture de ces pages d’aller illico ranger sa chambre ! Transformation de lecture non garantie. Toutefois, grâce au regard bienveillant de la grande Susie, le jeune lecteur retiendra avant toutes choses qu’on ne décourage pas une vocation. L’essentiel est bien de choisir sa propre voie, qu’on soit fille de banquier, d’avocat, de balayeur ou fille de roi.
Le site de Susie Morgenstern
La Princesse de la serpillière
Susie Morgenstern, illustrations de Sébastien Mourrain
56 p. l’école des loisirs, coll. Mouche, 7,50 €
(dès 7 ans)
[1]Même les princesses doivent aller à l’école, Susie Morgenstern, Illustré par Serge Bloch, l’école des loisirs, 1991.
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