Il y a pléthore de bons textes pour les 8-10 ans ! Antoine Dole et Cécile Chartre mettent en scène Arthur et Elliot, des petits gars bien d’aujourd’hui – un peu ou beaucoup amoureux – qui tentent de se dépêtrer d’une situation un brin foireuse, avec un peu de dégâts et beaucoup d’humour. Deux textes courts, drôles et malins à glisser dans les sacs pour les grands week-ends.
Une love story complètement givrée !
« Tous les jours, à la même heure, je reste à la fenêtre.
Et je guette le bas de la rue, au loin. Je ne dis plus rien. Je retiens mon souffle. Je ne cligne pas des yeux, j’aurais trop peur de louper quelque chose. Et tant pis si les copains m’attendent dans le jardin de Noé pour capturer des cow-boys, des Indiens ou des extra-terrestres. »
Ce qu’Arthur attend, c’est l’apparition de sa grande sœur qui rentre du lycée, et surtout de son inséparable meilleure amie, Fiona. La belle Fiona, celle qui rit en faisant voltiger à la fois ses longues mèches blondes et le cœur d’Arthur. Oui, Arthur est amoureux. Mais il y a un hic.
« Quand je déclare à Fiona que je la trouve trop chouette, elle me pince la joue et me répond que je suis trop mignon avant de se remettre à parler à Louise. »
Le gros hic c’est qu’Arthur a neuf ans, et Fiona quinze.
Arthur ne voit pas où est le problème, mais il est le seul. Et quand au dîner, il essaie de convaincre ses parents que ce serait cool que Louise emmène sa copine avec eux en vacances, il se dévoile un peu trop… Et fait bien rire toute la famille. Quel blagueur cet Arthur ! Et voilà son grand amour tourné en dérision, en blague potache à replier et à ranger avec sa serviette.
Que faire lorsque son amour est impossible à exprimer ? C’est déjà difficile pour les adultes, mais pour un garçon de neuf ans qui n’est même pas autorisé à être amoureux… un cauchemar.
Alors Arthur va faire ce qu’il sait faire le mieux : l’enfant. Et inventer des stratagèmes impossibles pour que Fiona l’aime… Et s’il effaçait le nombre d’années qui les séparent ? C’est en regardant un documentaire sur la découverte d’un mammouth congelé dans la banquise que lui est venu sa lumineuse idée… une idée à faire froid dans le dos. Congeler Fiona pendant six ans… oui mais comment faire pour que « l’opération Fiona » ne soit pas une opération fiasco ?
C’est avec beaucoup d’humour et de subtilité qu’Antoine Dole aborde le sujet du désarroi amoureux chez les plus jeunes. Les déboires d’Arthur feront bien rire nos amoureux en herbe, en attendant leur premier grand frisson.
Le baiser du Mammouth
par Antoine Dole
Actes Sud Junior, 80 p. 6,90 €
(dès 8 ans)
« Je n’aurai jamais cru qu’un truc pareil puisse être possible.
Un truc de fou qu’on ne voit qu’à la télé.
Et qui m’est arrivé à moi pour de vrai. A moi. »
Elliot serait plutôt du genre malingre. A dix ans, il est le plus petit des CM2, le plus maladroit, le plus démuni en matière de muscles et de copains mais il a à son actif un arsenal de bonnes notes et une maîtresse, Madame Motul, qui l’adore. Car Elliot est le premier de la classe. Ce qui n’arrange rien.
Oui mais ce jour-là, tout va basculer. Le coup de l’aile du papillon vous connaissez… C’est un shoot impromptu dans un ballon puis dans une vitre qui va tout déclencher. Par le hasard d’un accident de néon dans la classe où il est puni pour la première fois de sa vie, Elliot est persuadé qu’il a reçu un super pouvoir : celui de parler « chat ». Demandez à Ramon (son chat) il confirmera d’un clignement d’œil (surtout si vous sortez des croquettes).
Comme dans les séries où un éclair frappe la foule et bouleverse par magie les lois de la cour de récré, du jour au lendemain, Elliot le premier de la classe, devient « le garçon qui murmurait à l’oreille de Ramon ». La classe.
La machine à devenir un rebelle est en route et rien ne saura l’arrêter…
Elliot se fera punir deux fois dans la même semaine, fondera un gang avec Gaspard et Robin, deux assidus du bureau du dirlo. Car les « Robin’s » sont des super héros à l’aise dans leurs baskets. Et des super héros doivent être reconnaissables. Elliot, affublé en cours d’un collant moulant et slip fétiche par-dessus, l’a bien compris. Heureusement l’habit faisant le moine, il commettra un acte héroïque… attirant peut-être enfin le regard de la jolie Lisa.
Cécile Chartre dont j’avais adoré Petit meurtre et menthe à l’eau et surtout le réjouissant Joyeux Ornithorynque ! n’a pas son pareil pour se glisser dans la peau de nos petits. Un vrai coup de cœur pour ce roman tout en tendresse sur les moins costauds qui rêvent de s’affirmer.
Elliot, super-héros
par Cécile Chartre
Le Rouergue, coll. dacodac, 60 p. 6,70 €
(dès 8 ans)
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