On avait tout lu sur le Petit Chaperon rouge ? Peut-être, mais pas sur sa petite sœur. Une sacrée plaie celle-là ! Didier Lévy à la plume, et Clotilde Perrin au pinceau, campent dans un magnifique album grand format une petite peste qui n’a pas froid aux yeux. Le loup regrettera-t-il de la rencontrer ?
« Carlotta a huit ans.
Carlotta n’a pas très envie d’être célèbre
comme sa grande sœur ou sa grand-mère,
parce que quand on est célèbre,
on doit tout le temps signer des autographes
et mettre des lunettes noires.
Carlotta aime jouer et se promener en forêt… »
Cette petite rousse, aux cheveux en pagaille, au nez retroussé et à l’air bien décidé préfère se pendre aux arbres que courir la forêt à faire des courses pour sa mère-grand… Mouais, plutôt le genre à traîner les doigts de pieds au frais dans la rivière qu’à trimbaler des pots de beurre, des galettes et de moucher des nez qui coulent…
Mais les rivières sont propices aux rencontres. C’est quoi cette vieille peau de loup, un peu gâteuse, pas effrayante pour un sou ? Pfff, une vieille connaissance de sa grande sœur. A défaut de croquer, le vieux loup est plutôt au régime bouillie et n’a plus que la peau sur les os… Inoffensif, l’ex grand-méchant.
« Tu veux jouer ? », ose Carlotta.
Le Grand méchant loup, avec son grand âge, possède celui des contes. Alors il embarque la petiote sur ses épaules à la découverte de ces bois où gambadent les Trois Petits Cochons, quelques lutins malicieux, où se pavane une jolie licorne. Carlotta rencontre même la jolie Blanche-Neige escortée de quelques nains… une vraie forêt des merveilles !…
… Qui pourrait bien être en danger !
Car la grande sœur de Carlotta est devenue femme d’affaires. Les contes ? Un bon filon à transformer en espèces sonnantes et trébuchantes. Imaginez « Chaperonrouge Land », un parc d’attraction, avec manèges, confiseries et fête foraine, du bonheur qui rapporterait gros… Mais Carlotta veille au grain. Les contes, ça ne se marchandent pas.
Qui l’aime la suive ! La rébellion est en marche… Avec l’aide du loup et de tous ses amis, elle déménage la forêt. Après tout, l’imaginaire est le pays où nous décidons de vivre. En tout cas, celui où Carlotta a décidé de s’exiler ! Voilà comment la forêt des contes descendra la rivière, loin des promoteurs de foire.
Didier Lévy tourne en dérision Le Petit Chaperon rouge devenu bien trop célèbre pour pouvoir gérer seule cet héritage qui lui tourne la tête ! Il fallait bien une petite sœur pour savoir raison garder et sauver le patrimoine. Prenez-en de la graine, l’avenir, ce sont les plus petits que soi… parfois plus sages qu’on ne le croit.
Clotilde Perrin nous régale par son trait d’une joyeuse finesse et qui s’éclate dans les moult détails d’une forêt raffinée et pétillante. Allez, fermons les yeux et rejoignons-les…
Le blog de Clotilde Perrin
La petite sœur du Chaperon Rouge
Didier Lévy, ill. Clotilde Perrin
Milan, 48 p., 14,90 €
(dès 4 ans)
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