Un roman à offrir pour votre ado pour l’été ? Un si petit oiseau de Marie Pavlenko est une valeur sûre à glisser dans son sac de plage.
« Elle se souvient de l’air. Doux. Effervescent.
Le soleil couchant dissimulé derrière une rangée de vieux peupliers dont les feuilles vibrionnaient dans la brise tiède. La lumière d’or.
Elle se souvient avoir pensé : c’est tellement parfait, on se croirait dans une publicité pour un parfum. L’atmosphère criait la vie, sa force ; le printemps flamboyait (…) Un de ces moments de grâce où chaque particule de l’univers donne l’impression de s’être passé le mot et d’être à sa place. Il suffit de regarder et de se saouler de beauté. »
Abigail est une jeune fille comme les autres, une famille, des amis, des études de vétérinaire en ligne de mire… jusqu’à l’accident. Violent, brutal, sans retour en arrière possible. Au réveil, plus rien ne sera jamais comme avant. Elle est désormais seule face à ce vide immense : ce bras en moins. Une vie à réapprendre chaque geste, à pister le regard des autres dès lors qu’ils se posent sur sa prothèse, à trouver une raison de continuer son chemin, avec pour horizon un découragement immense.
Assommée de tristesse, Abi se retranche dans sa tanière, rompt avec sa bande, avec le beau Thomas. Saura-t-elle se réinventer ? Lui manque l’envie, la force. Pourtant, elle reçoit un matin un paquet anonyme par la Poste. A l’intérieur, un livre : La main coupée d’un certain Blaise Cendrars. Qui est-il ? Un monde s’ouvre lorsqu’elle découvre le soldat mutilé pendant la Grande guerre devenu écrivain, réapprenant à écrire de la main gauche, « sa main amie ». « Ma main coupée brille au ciel de la constellation d’Orion », dit Blaise. Des textes qui lui parlent d’elle.
Et puis il y a la vie autour qui reprend, Coline, sa tante délurée qui lui raconte ses expériences amoureuses, Aurèle, cet ancien camarade de l’école qu’elle recroise et qui se passionne pour l’ornithologie. Avec lui, elle guette les oiseaux dans le parc. Un nouveau monde peuplé de tous petits pas.
C’est le parcours d’une résilience absolue traitée avec délicatesse, beaucoup d’humour et une grande justesse. Dans la lignée d’un feel good-book à la John Green, Marie Pavlenko sait savamment distiller les doutes, les incompréhensions, les rages, les larmes et les rires. On vit en empathie avec Abigail, la difficulté de vivre avec un handicap, la capacité à rebondir, à trouver du sens… L’auteure qui puise son inspiration dans une histoire intime a à cœur de montrer les ressources insoupçonnées qui sont en nous. C’est un joli roman qui se dévore et s’imprime en nous, à fleur de peau comme la ritournelle d’une fauvette ou le cri du gypaète, l’un des oiseaux qui accompagnent Abigail dans sa « migration ».
Un roman qui vous prend doucement par les épaules, vous emmène faire de longues balades en montagne avec des jumelles et vous donne envie de lire tout Cendrars… Que demander de plus à l’été ?
Le site de Marie Pavlenko
Un si petit oiseau
Marie Pavlenko
392 p., Flammarion, 17,50 €
(dès 12 ans)
Jeanne dit
Merci pour votre article