Coline Pierré et Loïc Froissart signent un album drôlatique, Le jour où les ogres ont cessé de manger des enfants. Emplie de corpulents bonhommes et de grosses dondons, cette histoire nous raconte la vérité sur la faim ou plutôt… la fin des ogres. Et la victoire de tous les enfants !
« Il y a très longtemps, le monde était peuplé par des ogres.
Ils menaient une vie paisible et passaient la plupart de leur temps à manger des enfants.
Les enfants étaient élevés dans de grandes fermes et nourris avec de bons légumes bio, du chocolat et des céréales de petit déjeuner… »
Enfants, on vous ment.
Autrefois, avant les humains, le monde n’était peuplé ni de dinosaures, ni de ptérodactyles et encore moins de méchants tyrex. Non, d’autres monstres peuplaient notre planète : les ogres. Et ce qu’ils faisaient aux enfants n’était pas joli-joli… c’était tout sauf une légende ! Voyez plutôt.
Dans ce monde-là, de grands et gros humains rebondis et bien gras se nourrissaient de bébés bien toniques, élevés en plein air dans des fermes. Ceux-ci étaient engraissés aux bons légumes bios et aux céréales, histoire de garantir une excellente santé à ceux qui les dévoraient.
Les ogres cuisiniers en chef servaient à déjeuner du garçonnet poêlé, de la pâte d’enfants à tartiner pour le goûter ou des gosses-frites pour les snacks sur le pouce et pour dîner tout un tas de délicieuses fillettes en jus ou en rôti. Bref en ce temps-là, les ogres se ré-ga-laient de délicieux bambins accommodés à toutes les sauces.
Jusqu’au jour maudit où une ogresse tomba malade. Que se passait-il ? Avait-elle avalé un enfant de travers ? Un mioche trop épicé lui était-il resté sur l’estomac ? Un moutard était-il avarié ? À moins qu’un garnement ne lui fut resté en travers de la gorge ?
Toujours est-il que, fiévreuse, sa peau couverte de boutons, l’ogresse ne put rien avaler toute une semaine durant et perdit 18 kilos ! Ce fut le temps de la grande épidémie. Tous les ogres tombèrent malades les uns après les autres. Leur organisme ne supportait plus la chair fraîche. Alors, le Grand Conseil des Sages se réunit.
Une campagne radio avertit la population de la potentielle dangerosité de se nourrir d’enfants de tous bords. Il fallait vraiment les choisir de toute première fraîcheur…
Mais malgré ce principe de précaution, le problème persistait. C’est ainsi que le Grand Conseil déclara, à contrecœur, que désormais pour leur salut, les ogres devraient changer leurs habitudes alimentaires et devenir végétariens. Se nourrir de légumes ? Pouah, quelle horreur !
Dans un univers bucolique et coloré, le parfait duo l’auteure Coline Pierré et l’illustrateur Loïc Froissart dont j’avais adoré l’album Enfants cherchent parents trop bien (pas sérieux s’abstenir) – avec Elisabeth Brami – content avec légèreté la fin des ogres et surtout l’origine de la mode veggie… Pour la bonne cause des enfants bien sûr ! On s’amuse de ces pauvres ogres désemparés condamnés à sculpter toutes sortes de légumes en forme d’enfants pour réussir à les ingurgiter sans trop de difficultés.
Gageons qu’avec cette fable moderne, nos têtes blondes savoureront les brocolis à leur juste valeur. Un régal, évidemment.
Le Jour où les ogres ont cessé de manger des enfants
Coline Pierré, ill. Loïc Froissart
40 p., Le Rouergue, 15,50 €
(dès 5 ans)
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