Joëlle Ecormier aborde avec finesse la difficulté d’accepter le deuil pour un adolescent dont le père a disparu en mer. Kô est un petit bijou, ciselé de poésie. Il a obtenu une mention spéciale du Prix Vendredi.
« Kô n’aime pas l’océan. Il ne l’a jamais aimé. Peut-être a-t-il toujours su au fond de lui que la mer portait son malheur comme elle porte les bateaux. Il serre les poings puis les ramène sous son menton, prêt à donner ses coups de boxeur. Les mots de sa mère font barrage : « La mer nous nourrit, on ne peut la maudire. » Il laisse retomber ses bras et se contente de défier l’Océan du regard.
Les yeux noirs de Kô ne quittent presque jamais l’Indien. Même hors de sa vue, la nuit pendant son sommeil, quelque chose lui guette les flots. « Ne tourne jamais le dos à l’Océan ou il te prendra au moment où tu t’y attends le moins. » Son père lui avait donné ce conseil, s’était pourtant fait prendre. Kô se souvient que c’était un vendredi. Le jour de l’effondrement de l’univers, l’arrêt de la danse des étoiles et du mouvement de toutes choses. »… Lire la suite de l’article à proposCe que nous rend la mer


« Novak court. Le quai est désormais désert. La pluie insiste. Les pavés sont luisants et ses baskets couinent de trouille. Il court avec des foulées de 2,02 mètres, à une fréquence de trois foulée par seconde, soit 22,1 kilomètres par heure. Son rythme cardiaque vient de monter à 160 battements par minute, sa sudation frôle les 2 millilitres par centimètre carré de peau. C’est son brightphone qui lui scande tout ça, sans écouteurs, par conduction osseuse.
« J’avais 11 ans, je rentrais de l’école avec mon frère et le soleil bleu tout en haut. Il était grand Yaël. Il avait seulement 16 ans, mais il savait des choses comme un vieux de 20 ou même de 30 ans. Il savait reconnaître le printemps à l’épaisseur et à l’odeur du vent, il savait battre les profondeurs de l’hiver et les colères de maman, il savait quand il fallait fermer la porte de la chambre à double tour et attendre que papa redevienne normal, il savait quand il fallait se prendre les mains et se les serrer fort. On était arrivés dans la maison-arbre, celle qu’on achèterait quand on serait grands.»…
« Une nuit de lune rousse, au pays des volcans assoupis. Nuit de tempête, un vent fou hurle avec les loups !