Timothée de Fombelle nous enchante avec son nouvel album, Esther Andersen. Illustrée avec délicatesse par Irène Bonacina, il nous raconte la plus troublante des premières fois.… Lire la suite de l’article à proposLe premier été
La voix qui murmurait à l’oreille des ados
Avec Scarlett et Novak, Alain Damasio met en garde les adolescents contre les dangers de la vie numérique. Démonstration imparable.
« Novak court. Le quai est désormais désert. La pluie insiste. Les pavés sont luisants et ses baskets couinent de trouille. Il court avec des foulées de 2,02 mètres, à une fréquence de trois foulée par seconde, soit 22,1 kilomètres par heure. Son rythme cardiaque vient de monter à 160 battements par minute, sa sudation frôle les 2 millilitres par centimètre carré de peau. C’est son brightphone qui lui scande tout ça, sans écouteurs, par conduction osseuse.
– Novak, tu viens de battre ton record de fractionné. Veux-tu tweeter la nouvelle à tes amis ? le prévient son appareil.
– Derrière, ils sont à combien ?
– Tes concurrents sont à 160 mètres derrière toi.
Souhaites-tu définir une ligne d’arrivée virtuelle ? Je te propose le Pont Vinci.
– C’est pas… des concurrents… Scarlett. »… Lire la suite de l’article à proposLa voix qui murmurait à l’oreille des ados
C’est encore loin la Laponie ?
Fanny Chartres nous bouleverse avec son dernier roman, Le ciel est à tout le monde, l’histoire de deux adolescents livrés à eux-mêmes. Une fratrie, de la poésie, de l’espoir, un Merveilleux voyage…
« J’avais 11 ans, je rentrais de l’école avec mon frère et le soleil bleu tout en haut. Il était grand Yaël. Il avait seulement 16 ans, mais il savait des choses comme un vieux de 20 ou même de 30 ans. Il savait reconnaître le printemps à l’épaisseur et à l’odeur du vent, il savait battre les profondeurs de l’hiver et les colères de maman, il savait quand il fallait fermer la porte de la chambre à double tour et attendre que papa redevienne normal, il savait quand il fallait se prendre les mains et se les serrer fort. On était arrivés dans la maison-arbre, celle qu’on achèterait quand on serait grands.»… Lire la suite de l’article à proposC’est encore loin la Laponie ?
Une fugue sous les étoiles
Nuit étoilée du Taïwanais Jimmy Liao vient de recevoir le Prix Sorcières. Une plongée poétique dans la vie de deux petits solitaires, avec escapade à la clé. Attention chef d’œuvre !
« L’année dernière, grand-père m’a offert un petit éléphant pour mon anniversaire. De temps en temps, le petit éléphant se transforme en un éléphant géant. Avant mes six ans, je vivais avec grand-père et grand-mère à la montagne. Là-haut, dans la nuit, les étoiles étaient si brillantes. A l’époque, papa et maman habitaient la ville. Ils me manquaient beaucoup. Aujourd’hui, Grand-père à la montagne et grand-mère au ciel me manquent énormément. Je ne sais pas depuis quand le silence s’est installé à la maison.»Cette petite brune, longiligne et solitaire, conte sa difficulté à vivre dans sa ville pleine de bruits anonymes. C’est comme un long silence dans lequel elle s’enferme et où elle se réfugie avec ses amis imaginaires. Elle a l’âge où l’on a l’impression que plus personne ne vous comprend. A la maison, ses parents semblent trop occupés, à l’école, les autres la tyrannisent… Elle cherche un refuge. Autrefois, elle le trouvait dans les nuits étoilées de la montagne où elle vivait, petite, avec ses grands-parents.… Lire la suite de l’article à proposUne fugue sous les étoiles
Danse sous un volcan
Elise Fontenaille nous régale avec La Sourcière. Un roman en forme de ronde où humains, animaux et éléments dansent de concert avec la belle Garance en une fabuleuse ode à la nature, celle où dorment les volcans.
« Une nuit de lune rousse, au pays des volcans assoupis. Nuit de tempête, un vent fou hurle avec les loups !
Gallou la Brodeuse est chez elle, dans sa maison de lave noire, encerclée par les bois ; elle achève son ouvrage devant un feu.
Elle frissonne en tirant les fils d’or, écoute les arbres se tordre et gémir, et la pluie fracasser les volets.
– Un temps à ne pas mettre une loutre dehors !
Elle rajuste sa pelisse et jette une bûche dans le feu. (…)
Soudain on gratte à la porte.
– Ai-je rêvé ? se demande la Brodeuse à voix haute…
Vivant seule, elle aime se parler à elle-même.
Le grattement a cessé ; Era la chienne court vers la porte en gémissant. Sur son perchoir, Athéna, la chouette, ulule, réveillée par toute cette agitation. (…)
Gallou se lève, une lampe-tempête à la main, et ouvre la porte à grand-peine : le vent jette des seaux de pluie glacée sur le bois.
Elle se penche : une forme pelotonnée, roulée en boule dans une cape noyée par la pluie. Era se précipite et flaire.
Gallou pose la lampe, soulève la capuche, dégage un buisson de cheveux roux, un petit visage livide apparaît. »… Lire la suite de l’article à proposDanse sous un volcan
Malgré elle
Jo Witek dénonce le scandale des jeunes filles mariées contre leur gré. J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelle nous fait vivre avec force et justesse ce drame de l’intérieur.
« C’est une fin de journée lumineuse. Il fait très chaud. Mes tresses sont un peu défaites. J’ai quatorze ans. Je porte l’uniforme du collège et mon sac de cours en bandoulière. Assise sur le porte-bagages de la vieille mobylette bleue de mon oncle, je délaisse la ville et son brouhaha. Les vacances sont devant, mon sourire innocent ; je rentre à la maison. Je me sens légère, forte, protégée derrière oncle Blabla qui zigzague habilement au milieu d’une circulation dense.
Pour me suivre, il faut quitter la ville, délaisser les routes goudronnées et s’enfoncer sur des pistes de terre. Des kilomètres de poussière. Ici le soleil, le vent, la pluie, l’alternance brutale des changements climatiques accompagnent les vies, marquent les peaux comme les territoires. (…) Ils m’ont tous terriblement manqué. Six mois que je ne suis pas rentrée. »… Lire la suite de l’article à proposMalgré elle